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Le docteur Stéphane MALBRANQUE, médecin au CHU d’Angers et réserviste de la gendarmerie, a témoigné le samedi 23 janvier 2016, devant les Amis de la Gendarmerie d’Angers, de son engagement à côté des gendarmes lors de la catastrophe aérienne de la Germanwings en mars 2015.
Cette conférence largement illustrée, a pleinement enchanté les nombreux Amis de la Gendarmerie présents des comités angevins, accompagnés de leurs présidents. Elle s’est prolongée avec de très pertinentes questions posées au conférencier, témoignant ainsi d’un réel intérêt et d’une belle admiration pour l’action très efficace et peu connue de ce médecin légiste et de ses équipes d’experts judiciaires.
Survenant quelques mois à peine après le crash du Mali, celui de l'A320 près de Seyne-les-Alpes, le 24 mars 2015, a vu l’engagement entier de la Gendarmerie nationale. Cette nouvelle mission, sur un autre type de terrain, plus escarpé et dangereux, a démontré une nouvelle fois la grande réactivité et la qualité professionnelle des experts et des réservistes de la Gendarmerie nationale et leur capacité à s’intégrer dans un dispositif interservices et interministériel.
Le docteur MALBRANQUE est venu en parler aux amis de la gendarmerie du comité d’Angers, le samedi 23 janvier 2016. Engagé comme réserviste de la gendarmerie, il évoque son arrivée sur les lieux, « hélitreuillé puis encordé avec un gendarme du peloton de haute montagne » pour accomplir sa mission de recherche et d’identification des victimes.
Il vient ainsi de prendre contact avec deux formations de gendarmerie engagées sur le terrain, les unités aériennes et de haute montagne. Cette entrée en matière illustre bien la phrase souvent employée « lorsqu’ un gendarme est saisi toute la gendarmerie est saisie ». La catastrophe de la Germanwings a nécessité la mise en œuvre d’un large éventail des compétences des militaires de la gendarmerie. La première unité alertée, la brigade territoriale se rend sur place, évalue l’immensité de la gravité de l’évènement, appelle les secours, prend les mesures conservatoires à son niveau et rend compte à sa hiérarchie et à l’autorité judiciaire. C’est le début d’un engagement progressif de toute la gendarmerie, avec l’arrivée des unités de recherches (pour l’enquête judiciaire), des motocyclistes, des formations de montagne, puis l’appel aux hélicoptères, à la gendarmerie mobile et enfin à l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) avec ses experts rapidement opérationnels. Cet ensemble de moyens, placés sous le commandement du général de corps d’armée GALTIER, s’est élevé à environ 600 personnels sur site.
La recherche et l’identification des victimes sont confiées à l’IRCGN et plus particulièrement à son unité de gendarmerie d'identification des victimes de catastrophe. L'arrivée du plateau criminalistique de crise (PCC – chaîne mortuaire et laboratoire d'analyse ADN mobiles) a permis aux premiers corps, relevés dès le lendemain du drame, d'être examinés avec prélèvement de l'ADN et des empreintes et/ou éléments dentaires. Durant les cinq jours suivants, l'examen de très nombreux fragments de corps (en pratique plusieurs milliers) s'effectuera de la même façon (treuillages des personnels puis évacuations des corps héliportées) rendant ce travail déjà particulièrement difficile sur le plan psychologique, ardu sur le plan physique. Le 5 avril, le résultat tant attendu du 150e ADN différencié, après avoir accompli près de 3000 recueils, est annoncé. Dans le même temps au sein du laboratoire de l'IRCGN de Pontoise, une autre équipe (dite ante-mortem) est chargée de recueillir toutes les données médico-odontologiques du vivant des victimes, auprès de leurs familles, de leurs médecins et dentistes traitants. L'objectif vise, dans le cadre de la future commission internationale d'identification, de soutenir sans aucun doute possible, les éléments de comparaisons afin de pouvoir affirmer enfin, les identités.
Si la mission principale réside dans l'identification la plus rapide des victimes, cet engagement volontaire et citoyen des réservistes opérationnels à coté des militaires d’active a été souligné par le directeur général de la gendarmerie nationale comme un complément indispensable à ceux-ci qui n'auraient pu remplir avec autant de succès cette mission.